Terminé le festival de Solliès-Ville qui depuis trente ans accueille des dizaines d’auteurs et des milliers de visiteurs fin août dans un délicieux village ancien provençal ? En tout cas, Pascal Orsini, son créateur et animateur, jette l’éponge et explique pourquoi dans une longue interview sur cinq pages à lire dans Casemate 122. Il nous restait quelques questions à lui poser. Voici ses réponses.

Combien accueilliez-vous d’auteurs à Solliès-Ville ?
Pascal Orsini : En principe, un peu plus de cinquante. Soixante-cinq en 2018. Tous les festivals ne peuvent en dire autant. Mais tous sont un moyen de promotion pour les auteurs sortant une nouveauté. Et puis il y a le bouche-à-oreille. Un auteur content de son séjour ne manque jamais de le faire savoir autour de lui.
Comment sont choisis les lauréats du Grand Prix de Solliès-Ville ?
Les premières années, ce furent simplement des auteurs que nous adorions : Philippe Luguy, Max Cabanes, François Boucq, Jean-C. Denis, Frank le Gall, Bernard Cosey, Frank Margerin, Dupuy & Berberian… Mais, curieusement, nous n’osions pas donner le prix à des auteurs trop importants, déjà primés à Angoulême, par exemple. Ainsi, Jean Giraud est venu chez nous plusieurs fois sans recevoir de prix. C’était quand même très dommage ! On a donc décidé de lui remettre le prix spécial des dix ans. Du coup, il est revenu une cinquième fois et a réalisé une affiche, thème Blueberry. C’était sa période ordinateur, pas forcément la meilleure. Même frilosité de notre part avec Franquin, venu la deuxième ou troisième année. On lui a simplement demandé de remettre un prix à Batem, le dessinateur du Marsupilami. Ce qu’il a fait très gentiment. Mais c’était idiot, c’est évidemment à Franquin que nous aurions dû le donner !

“Curieusement, nous n’osions pas donner le prix à des auteurs déjà primés à Angoulême”

Puis nous n’avons plus hésité à honorer des auteurs déjà primés à Angoulême, tels que Tardi, Baru, Zep et bien d’autres qui avaient alors leur mot à dire sur leur successeur. Ainsi Mattotti (Grand Prix 2013) est très copain avec Muñoz (Grand Prix 2014). Muñoz qui fut aussi content de remettre le prix à Baru l’année suivante que celui-ci fut heureux de le recevoir des mains d’un de ses maîtres. Cela a pu parfois paraître un peu confus, mais il y avait une suite logique dans tout cela. Certains parlent de copinage, je préfère parrainage, plus joli, plus sympa.
Jamais de problème avec le public ?
Le seul que j’ai rencontré, lors d’une fête du livre du Var, à Toulon, fut lorsque Manara et Liberatore dédicacèrent côte à côte. Avec deux files d’attente énormes. L’endroit le plus chaud de toute cette fête du livre ! Avec le responsable du stand, nous avons gentiment expliqué aux demandeurs que les trente premiers auraient une dédicace et les trente suivants une signature. Tout le monde l’a plutôt bien vécu. Même si le 31e, le pauvre, a sans doute eu la haine pendant quelques secondes. Les gens arrivent à comprendre qu’un auteur n’est pas une machine et ne peut indéfiniment dessiner sur un stand sans prendre de repos.

“Si le festival avait lieu sans moi cette année, je serai au moins obligé de passer devant…”

Avez-vous choisi le dernier week-end d’août parce que votre anniversaire tombe le 27 ?
Non, mais effectivement, du coup, les auteurs sont souvent là à ce moment. Voir beaucoup de gens vous souhaiter votre anniversaire est toujours agréable.
Surtout s’ils vous font de beaux cadeaux ?
Vous voulez dire qu’ils m’offraient des dessins ? C’est vrai, ils sont adorables et j’en ai de très beaux. Quatre ou cinq m’ont même offert leur affiche du festival. Les premières années, je passais dans les stands et revenais avec une jolie moisson. Puis je me suis calmé. Jusqu’à l’année dernière. J’ai désormais un petit-fils et commence à lui monter une petite collection de dédicaces à son nom.
Irez-vous au prochain festival si celui-ci se fait sans vous ?
Je ne sais pas. Après mon départ du festival d’Hyères, il y a bien longtemps, celui-ci a continué pendant trois ou quatre ans. Durant toutes ces années, je n’y ai pas mis les pieds. Cela aurait été trop dur. Ici, c’est différent, j’ai été enseignant à Solliès-Ville jusqu’à ma retraite, et j’y habite. Donc je serai au moins obligé de passer devant…

Propos recueillis par Jean-Pierre FUÉRI et Frédéric VIDAL
Supplément gratuit de Casemate n°122 – février 2019.

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