Loin des voltiges aériennes époustouflantes de sa première série, Fox One, et de ses séries guerrières (Insiders), Renaud Garreta, en bon breton amoureux de la mer, a mis en images les aventures vécues par les skippers du Vendée Globe. Dans Casemate 98, le scénariste Alexandre Chenet raconte ces magnifiques schizos de la mer. Pour Casemate.fr, Renaud Garreta y ajoute son grain de sel. Marin, évidemment.

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Il paraît que cet album est votre idée ?
garretaRenaud Garreta : Oui, nous avions fait un premier album sur le Vendée Globe avec Alexandre Chenet. Nous nous étions bien entendus, et Seul autour du monde* avait bien marché. J’avais envie de repartir pour autre chose, sans faire une suite.
Au départ de l’aventure, n’étiez-vous pas coscénariste ?
Nous avions bossé tous les deux sur le scénario du premier album. Alexandre, qui écrit très bien, est entré très vite dans le sujet. Et 130 pages à dessiner, c’est beaucoup de boulot. Du coup, il a assuré l’intégralité du scénario pour que je puisse m’investir à fond dans le dessin.
Êtes-vous un « voileux » ?
Oui, tout petit je naviguais avec mon père. Aujourd’hui, mes gamins ont repris le flambeau. Mon fils aîné, passé par le CREPS, a fait beaucoup de régates en 420. Mon cadet est rentré au Pôle France d’Antibes en septembre. Objectif : les J.O. Seuls les meilleurs auront leur chance. En attendant, ils disputent les grands championnats. Toute la famille est tournée vers la mer. On fait du kitesurf, de la planche…
Comment avez-vous travaillé ?
Les skippers nous ont raconté énormément de choses. J’ai craint que cela se traduise par une succession de petites galères ou d’ennuis techniques. J’ai voulu des respirations graphiques grand format qui montrent aussi pourquoi ils s’engagent dans cette folie. Avant tout, la joie de naviguer, d’être seul en mer. C’est cela qui les porte vers le large, vers ce tour du monde insensé sans escale et en solitaire.

De grandes respirations graphiques montrent pourquoi ils s’engagent dans cette folie…

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Je travaille avec de la doc photo, car, sur ce projet, il fallait qu’on reconnaisse bien les skippers. Les planches ne sont pas encrées comme celles d’Insiders ou d’autres séries. Je commence par un dessin assez précis au crayon, puis je scanne, je monte un peu les contrastes pour avoir un beau noir. Je mets la couleur directement sur ces scans. Je travaille beaucoup avec de gros marqueurs Pantone. Venant du monde de la publicité, j’ai l’habitude de travailler ainsi. Cela permet de bien travailler les volumes, les ambiances colorées. On monte les tons clairs d’abord. Il y a des techniques classiques, et puis chacun fait sa petite sauce. J’essaie souvent de faire un peu de subjectif, pour que le lecteur ait l’impression de vivre l’instant.
Les planches les plus difficiles à réaliser ?
Celles de foule, sur les pontons, m’ont demandé le plus de travail. J’étais content, on a rarement l’occasion de réaliser autant de grandes images. De gérer les respirations entre les séquences BD et les ambiances naturelles.
Étiez-vous là le grand jour ?
Nous avons vu les skippers avant le départ. Être de nouveau dans cette ambiance, les retrouver après avoir réalisé le bouquin était super sympa. Ce ne sont pas les dingues qu’on imagine, mais des gens charmants. Ils étaient déjà bien concentrés avant le départ. Nous nous sommes faits tout petits pour ne pas trop les déranger.

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Un pronostic pour cette édition 2016/2017 ?
Le Cléac’h devrait être pas loin de la première place. S’ils ne cassent pas, les bateaux à foils seront forcément sur le podium. Mais la route est longue.
Travaillez-vous toujours pour la pub et le cinéma ?
Oui, j’ai bossé pour Besson sur Arthur et les Minimoys. Pour Bilal aussi. On me demande de faire le story-board ou du design pour des films de science-fiction. Loin des embruns.

Propos recueillis par Antoine BÉHOUST
Supplément gratuit de Casemate 98 – décembre 2016.

* Seul autour du monde – Une histoire du Vendée Globe, Renaud Garreta, Alexandre Chenet, Dargaud, 2012.

vendeeHistoires du Vendée Globe,
Renaud Garreta,
Alexandre Chenet,
Dargaud,
128 pages,
17,95 €,
dispo.