17 000 chalutiers chinois et européens sillonnent les mers africaines pour extraire 500 000 tonnes de poisson rien qu’en Afrique de l’Ouest. “Un seul navire tuait chaque année 500 000 requins”, raconte Maxime de Lisle. Le fondateur de l’ONG Seastemik scénarise Pillages, dessiné par Renan Coquin. Ils dénoncent ces scandales à travers une fiction impressionnante, toujours basée sur des témoignages humains. Casemate 178 consacre un dossier de six pages à leur travail. Voici la fin de l’interview de cet écolo baroudeur des mers.

Comment vous êtes-vous engagé au sein d’ONG maritime ?
Maxime de Lisle : Dans la Marine nationale, j’ai été formé officier pilote. Puis je fus pendant dix ans conseiller stratégique dans les pays marqués par des conflits comme l’Irak. Inquiet de l’état de notre planète et des océans en particulier, j’ai effectué en 2020 un gros pas de côté en quittant mon job dans une start-up pour rejoindre l’ONG militante Sea Shepherd. Puis fondé ma propre ONG, Seastemik. Objectif : réduire la consommation de poisson en France. J’ai également rejoint l’International Panel for Ocean Sustainability. Cette ONG agit à une échelle mondiale, équivalent du GIEC pour les océans. Elle cherche à convaincre les chefs d’État de prendre des mesures courageuses pour protéger les océans. Ces différentes organisations sont essentiellement financées par des dons de particuliers.


Pourquoi cette bande dessinée inspirée de ces différentes expériences ?
Après Le Passage intérieur*, BD autobiographique sur un voyage en Alaska, j’ai voulu en réaliser une seconde s’engageant contre la pêche industrielle en Afrique. Une pratique qui constitue une catastrophe sociale et environnementale. Tout ce que je raconte dans l’album sur les interventions en mer est véridique, inspiré de témoignages de militants. Plutôt que de me mettre en avant, j’ai privilégié la voix de tous ceux que j’ai interrogés. En particulier une commandante exceptionnelle qui a passé des années sur des bateaux d’ONG.
Pourquoi avoir choisi la fiction pour exposer les enjeux de ces pillages ?
Mon objectif est d’allier la raison et l’émotion afin de mieux toucher le lecteur. Pour convaincre les gens, aligner des chiffres est insuffisant. Il faut incarner la réalité par des histoires, tout en donnant des informations précises. La BD est donc partagée entre des parties fiction et d’autres expliquant les méfaits de la pêche industrielle à travers une narration documentaire. Selon leurs sensibilités, les lecteurs seront davantage interpellés par l’une ou l’autre partie de la BD.
Vos projets ?
Avec le dessinateur Olivier Martin, je prépare chez Futuropolis une BD d’enquête prévue pour l’année prochaine sur la pêche en France. Elle s’intitulera On a mangé la mer.

Propos recueillis par Marius JOUANNY
Supplément offert de Casemate n°178 – avril 2024

* Le Passage intérieur, Voyage essentiel en Alaska, dessin Bach Mai, Delcourt, 16,95 €, 2022.

Pillages,
Renan Coquin, Maxime de Lisle,
Delcourt,
113 pages,
17,95 €,
dispo.

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