2300. Finie l’informatique ! Un bug géant a tout effacé. Peu à peu, l’humanité se réduit à une série de tribus ennemies qui n’ont qu’une envie : piquer le territoire des autres. Alex W. Inker s’inspire du roman Zarchiv’ de Jérôme Leroy contant la vie des voyageurs cherchant des documents d’antan qui permettraient de régler ces guerres perpétuelles. Suite de son interview publiée dans Casemate 169, en vente.

C’est une commande en partenariat avec les archives départementales du Nord. Comment avez-vous travaillé avec eux ?
Alex W. Inker : J’ai écrit le scénario en suivant une piste que je connais très bien, la route partant de la côte de Dunkerque jusque dans le Maine-et-Loire. Anticipant différents endroits comme certains blockhaus qui ont pu subsister au cours des siècles d’effondrement, j’ai tracé le parcours des personnages en imaginant un récit en palimpseste à partir de cet itinéraire. Puis, j’ai demandé aux archives du Nord de me trouver des images correspondant à ces endroits. Restait à les placer entre chaque chapitre du récit. Les lecteurs du Nord, particulièrement visés par cette histoire, reconnaîtront peut-être des lieux connus. Et peut-être certains auront-ils alors envie de partir à leur recherche en marchant dans les pas des personnages.
Quels lieux avez-vous redessinés ?
J’ai choisi des éléments pas forcément connus du grand public, peu touristiques, afin de les faire découvrir aux lecteurs. Ainsi le dispatching à minerai de l’usine de Louvroil. L’église d’Avesnes-sur-Helpe en ruine, elle, sert de refuge aux personnages. Tout comme j’ai pu réaliser Fourmies la Rouge en neuf mois, car l’action se déroule dans ma ville natale, je m’appuie sur ces décors du nord de la France que je connais sur le bout des doigts. En élaborant mon précédent album Colorado Train, j’avais envisagé à un moment de le transposer dans cette région plutôt qu’aux États-Unis…

“L’histoire se déroule dans les décors de cette région que je connais sur le bout des doigts…”

Le trajet de nos deux héroïnes respecte-t-il les distances réelles entre les différents endroits que vous dessinez ?
À peu près. En voiture, ce parcours prend 2 heures. À cheval, je pense dans les deux jours.
Comment le lecteur peut-il suivre votre trajet ?
Page 36, la façade en métal des archives départementales du Nord est réellement trouée d’alvéoles inspirées des ruches d’abeilles. Pour marquer les chapitres du livre, j’ai disposé des pages avec ces alvéoles qui forment progressivement le tracé de l’itinéraire des personnages. Si le lecteur prend une carte du Nord, il pourra y reporter cette piste.
Trouvez-vous une beauté particulière à un bâtiment en ruine ?
Bien sûr ! Il existe une esthétique de la ruine. On reconnaît le monde d’avant à des détails comme la forme d’une rue ou d’un bâtiment. Je crée une silhouette reconnaissable pour le lecteur, et ajoute une végétation envahissant ce décor. Le genre post-apo demande une lecture active de déchiffrement des images pour retrouver leur origine.
Quelle fut la réaction de Jérôme Leroy, l’auteur du roman que vous avez adopté ?
Il a apprécié mon approche, qui l’a aussi beaucoup surpris. Il trouve ma vision du futur beaucoup plus négative que la sienne. Mais y voyant plutôt un récit qui prolonge son univers, il ne m’a rien reproché.

Propos recueillis par Marius JOUANNY
Supplément offert de Casemate n°169 – juin 2023.

Maury-7,
Alex W. Inker,
d’après Jérôme Leroy,
Page à Page,
72 pages,
19 €,
8 juin.

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