Suite de l’interview de Romain Hugault, le dessinateur d’Angel Wings (32 pages spéciales dans Casemate 72). Trois tomes prévus qui fleurent bon l’aviation du temps des hélices, de l’huile chaude et des Zéro japonais en piqué. Scénario Yann, à paraître le 8 octobre chez Paquet. L’occasion de revenir sur la proposition qui fut faite à Hugault, lors d’un festival de Saint-Malo, de reprendre Buck Danny, la célèbre série de Charlier, Hubinon puis Bergèse…
Combien de temps dura le pont aérien au-dessus de l’Himalaya qui permettait aux Alliés d’équiper la Chine dans son combat contre le Japon ?
Romain Hugault : Environ un an, jusqu’à la reprise de la base de Myitkyina et de son aérodrome par les forces du général Stilwell en mai 1944. Une bataille épique entre la Force X chinoise, les Merrill’s Marauders, seuls Américains à combattre au sol dans ce conflit, et les Japonais. Ensuite le rail aérien peut enfin descendre plus au sud. Volant moins loin, moins haut, moins dangereusement, les pilotes de Dakota ravitaillent encore plus efficacement les forces chinoises. Un premier pas vers la victoire.
Avez-vous un droit de regard sur le scénario d’Angel Wings ?
Je vous ai expliqué (Casemate 72) comment, qu’avant que Yann se mette à l’écriture, nous discutions beaucoup de l’histoire, confrontions nos sources, nos envies, les informations recueillies. Il est arrivé que je le trouve un peu trop massacreur. Il adore malmener et tuer ses personnages. Au début, dans mes albums, tout le monde crevait ! À la fin du Grand Duc, j’ai obtenu la vie sauve pour deux personnages. D’accord, ils sont emmenés au goulag, mais ensemble. Ils vont en baver, mais ils sont vivants. Merci Yann ! Je lui suggère parfois un autre chemin, un changement de comportement. Sa réaction est soit « d’accord, c’est mieux » ou « non, on ne peut pas, parce qu’ensuite… » Mais jamais « c’est comme ça, dessine et tais-toi ». Il m’écoute et c’est bien agréable. Dans sa première mouture, notre héroïne s’appelait Maureen. Je trouvais ce prénom moyen. Hop, il est devenu Angel, puis Angela. Je préfère ! De même, le voyage d’Angela en Dakota sur le rail ne devait pas être perturbé par deux chasseurs japonais. J’avais envie d’une scène aérienne arrivant assez vite. Il me l’a écrite.
Si on m’avait dit qu’on me proposerait Buck Danny, j’aurais fait des boucles et des saltos
En lisant Angel Wings, on pense évidemment aux Tigres volants. Ne vous a-t-on jamais proposé de dessiner Buck Danny ?
Si. Lors d’un festival de Saint-Malo, quelqu’un de chez Dupuis est venu m’en parler. Vous m’auriez dit, en 2005, lorsque je travaillais sur Le Dernier Envol, qu’on me proposerait un jour Buck Danny, j’aurais fait des boucles et des saltos arrière ! À la réflexion, il m’a semblé que j’aurais eu un peu les pieds et poings liés, que je ne me serais pas senti libre. Yann a proposé un scénario qui n’a pas été retenu. Je comprenais qu’il faille conserver les lecteurs traditionnels, mais il me semblait que la série avait besoin d’un visuel plus moderne. Des séries anciennes ont bien réussi ce virage.
Qu’aviez-vous proposé ?
Avec Yann, une histoire des années trente, au temps de la jeunesse de Buck Danny. Nous avions envie d’expliquer pourquoi il était devenu l’homme qu’il est. Cela permettait d’explorer une époque beaucoup plus intéressante à dessiner, à mon avis, que les histoires actuelles d’Afghanistan à grand renfort d’avions modernes. J’ai une passion pour tous les avions, mais je préfère, et de loin, dessiner les avions de la Seconde Guerre mondiale et leurs prédécesseurs.
Des regrets ?
Plus aujourd’hui, ce que je dessine me comble. Mais il me semble que Buck Danny mériterait d’être confié à des auteurs d’envergure en leur laissant carte blanche. C’est grâce à Buck Danny que je suis devenu un passionné d’aviation. Petit, le dessin de Francis Bergèse me semait une myriade d’étoiles dans les yeux.
Pas Hubinon ?
Bergèse dessinait déjà Buck Danny à cette époque. Son dessin est celui qui me correspond le mieux, et j’estime ses avions mieux dessinés que ceux d’Hubinon, même si celui-ci m’a aussi beaucoup fait rêver.
Vous travaillez avec un scénariste qui n’est pas pilote. Un handicap ?
Non seulement Yann n’est pas pilote, mais je désespère de le faire monter dans mon Piper Cub. Sa réponse horrifiée est : « Non, encore non, toujours non. » Mais peu importe. Que vaut-il mieux avoir comme scénariste ? Un ancien pilote talentueux ou un formidable raconteur d’histoires ? De plus, Yann est passionné d’aviation depuis l’enfance, a construit des maquettes, parfois m’apprend des choses. C’est génial ! Quant aux côtés très techniques du vol, je m’en occupe. Lui, par sa passion, nous amène un large public, tandis que je régale les lecteurs pointus par mon souci de véracité et ma phobie du détail.
Mais à la réflexion, il m’a semblé que j’aurais été pieds et poings liés dans un schéma ancien
Quels sont les pièges d’une série d’aviation, genre très couru aujourd’hui ?
D’abord le manque de professionnalisme. Je revois encore un auteur connu venant me demander conseil. Son éditeur lui demandait une série d’aviation, genre dans lequel il m’avouait son inculture. Personnellement, si on me demandait une histoire de sous-mariniers, il me semble qu’il me faudrait plonger la tête dans la doc quelques années avant de m’y aventurer.
Ensuite, il faut éviter d’étaler sa science ancienne ou toute neuve. Les multiples petits encadrés en bas de page dans Buck Danny expliquant le déroulement de telle figure ou le fonctionnement de tel radar, c’était bon dans les années soixante. Aujourd’hui, les gamins ont le web. Grâce à lui, ils sont souvent plus pointus que nous, les pros. En dédicace, des lecteurs m’expliquent que tel boulon que j’ai collé à gauche est en fait à droite. Nous avons décidé de ne jamais nous lancer dans des images explicatives et même d’éviter tout renvoi en bas de page. Et encore plus les monologues explicatifs !
Pensez-vous vraiment qu’un pilote qui va se crasher se dit dans sa tête : « Ciel, ma vitesse se rapproche dangereusement de la vitesse de décrochage de mes ailes et il va m’arriver des misères » ? Bien sûr que non, il a les dents serrées et il chie dans son froc, obnubilé par une seule pensée, survivre.
Il vous faut pourtant expliquer certaines manœuvres trapues !
Dans ces cas-là, nous cherchons un artifice. Ainsi, dans Angel Wings #1, Rob, imitant une manœuvre désespérée et authentique de Philip Adair (Casemate 72), va revenir au terrain en passant en vol dos toutes les dix minutes. Comme nous ne voulions pas de monologue, nous avons imaginé qu’Angela, depuis un autre lieu, lui explique la manœuvre.
Avantage supplémentaire, leurs échanges radio ajoutent de l’émotion, de la chair. Une bonne BD est une histoire humaine avant d’être une histoire de machines. Dans une BD sur Mermoz, l’intéressant c’est Mermoz, pas la puissance du moteur de l’appareil dans lequel il s’est crashé.
Le secret de votre enthousiasme ?
Le même que celui de Yann. Se faire plaisir. Quand nous avons lancé Le Pilote à l’Edelweiss, ce ne fut pas en programmant que le dernier tome tomberait l’année du centenaire. Cela fut un coup de bol et non le résultat d’une vingtaine de réunions marketing. J’avais simplement, à ce moment-là, envie de dessiner des avions de la Première Guerre mondiale.
On m’a raconté que certains éditeurs mettent sur la table des albums de notre collection Cockpit et convoquent les gens du marketing. « Tiens, là, il faudrait reprendre le même ciel que dans cet album. » Parce que les nôtres se vendent bien ! Je regrette ce genre de comportement parce qu’il tue la créativité. Que chacun fasse sa propre tambouille, sans se préoccuper de plans marketing débiles.
Vos jolies filles ne doivent pas déplaire au marketing de Paquet…
Peut-être, mais elles ne sont pas là pour ça. Nous n’avons aucune contrainte. Nous mettons du cul dans nos histoires parce que j’aime ça et que Yann s’amuse à coller un côté sexy sur un album de guerre. Nous sommes libres, ne cherchons pas à tomber dans la BD historique. La recette nous réussit et nous ravit trop pour qu’on essaye d’en changer.
Vous créez aussi des affiches, des illustrations.
J’aime, ça me permet de sortir du monde de la bande dessinée et me rapproche du monde de l’aviation. J’ai réalisé une affiche pour la patrouille de France, je dessine tous les ans l’affiche du meeting de La Ferté-Alais et, cette année, celle de Flying legends qui se tient à Duxford près de Londres. Je suis très flatté de cette confiance. On m’a sollicité également pour des affiches de festivals BD, je réalise par exemple celle de Chambéry. Et il y a bien davantage de festivals BD que de meetings aériens !
Je suis comme un fou à l’idée de dessiner mon Piper Cub à moi dans l’épisode suivant
Vous-même volez régulièrement ?
Chaque fois que possible. Je baigne dans ce milieu depuis ma jeunesse, mon père était colonel pilote dans le transport. Je partage un Piper Cub avec un copain pilote chez Air France. Un biplace de 65 chevaux construit en 1942, et arrivé en France en 1945 alors qu’on manquait de petits avions d’observation pour terminer la guerre. Les Américains les considéraient comme des produits jetables. La guerre finie, ils ne les ont pas ramenés chez eux et les ont offerts aux aéro-clubs.
Verra-t-on votre Piper Cub dans une de vos BD ?
Dès le prochain album d’Angel Wings. Je suis déjà comme un fou en y pensant. Sur le front d’Asie, avant les premiers hélicoptères (Casemate 72), ces petits avions se posaient dans des clairières minuscules pour récupérer les pilotes perdus. Le Piper décolle sur de toutes petites distances, c’est vraiment la Jeep de l’air.
Autre avion d’époque qui vole encore, le Dakota.
Et, pour l’abattre, il ne fallait pas avoir le doigt paresseux sur les mitrailleuses, on le voit dans l’album. J’ai galéré pour retrouver le tableau de bord de l’époque, car il a évidemment évolué au fil des décennies. Le Dakota exposé au Musée de l’Air est très bien, mais c’est un ancien d’Air France. Heureusement, les manuels de vol de l’époque sont généralement très complets avec beaucoup de photos et de dessins.
Vos lecteurs vous parlent-ils d’autres choses que d’aviation ?
Il m’arrive régulièrement de voir une dame arriver Le Pilote à l’Edelweiss à la main, m’avouer ne rien connaître à l’aviation, mais être tombée sous le charme de l’histoire romantique de ces deux pilotes jumeaux. C’est ma plus grande fierté. OK, l’histoire se déroule dans un environnement aérien, mais c’est d’abord une histoire d’émotions. Une histoire que Yann et moi avions envie de lire. Si ensuite elle touche un large public, tant mieux !
Propos recueillis par Frédéric VIDAL & Jean-Pierre FUÉRI
Supplément gratuit de Casemate 72 – juillet-août 2014.
Yann rêvait de la fille de Lady X
S’il s’est passionné pour les femmes pilotes américaines, les Wasp, le scénariste Yann aurait adoré mettre en scène une autre femme, la fille de Lady X. En lutte, elle aussi, contre un certain Buck Danny… Suite de l’interview de Yann, parue dans Casemate 72, dans le dossier spécial Angel Wings, avant la sortie du premier tome, le 8 octobre chez Paquet.
Comment se fait-il que l’épisode des Wasp soit si peu connu ?
Yann : Ces femmes pilotes qui ont tenu absolument à servir leur pays étaient regardées de haut par les militaires. Ainsi, en cas de décès, pas d’honneur militaire, pas de sonnerie aux morts, pas de drapeau sur leur cercueil. Interdit. Cela n’empêchait pas les gens du pays de le faire, la fanfare municipale de rendre un hommage. Mais avec un peu de honte, puisqu’il fallait se taire. Le dessinateur Romain Hugault raconte dans Casemate qu’en cas de décès, la famille devait payer le rapatriement du corps !
Quand la pénurie de pilotes s’est estompée sur le territoire américain, les Wasp ont été renvoyées du jour au lendemain, comme des chiennes, sans un discours de remerciement, rien.
Personne ne les défendait ?
Si, plus tard, le sénateur Barry Goldwater, pilote pendant la guerre et dont un membre de la famille, si mes souvenirs sont bons, avait fait partie des Wasp. Il a obtenu qu’on déclassifie leurs dossiers et qu’on en parle enfin. Bien plus tard, lorsque des femmes pilotes américaines ont commencé à se glorifier d’être les premières, elles ont vu arriver une poignée de mamies, d’anciennes Wasp, pas d’accord du tout, et rappelant que les pionnières, ce furent elles. J’ai vu leurs photos, ces dames étaient encore fort bien conservées.
Des Wasp enterrées sans honneur militaire, sans sonnerie aux morts et sans drapeau !
Comment s’entendaient les pilotes alliés qu’on voit dans Angel Wings ?
Il régnait une certaine tension entre ceux des Dakota, avions de transport, et les chasseurs sur P-40. Du genre qui prend le plus de risque. Normal, c’étaient tous de jeunes garçons parfois de moins de 20 ans.
Étaient-ils superstitieux ?
Beaucoup. On trouve des tas de souvenirs sur le sujet dans des bouquins écrits par des pilotes. Ils ont des rituels, des habitudes. Manger des œufs brouillés et pas au plat, car le dernier groupe qui en a mangé a été attaqué. Ne pas décoller sans la dernière lettre de sa fiancée dans la poche gauche, car untel qui un jour l’a oubliée a reçu une balle justement à l’emplacement où il la glissait d’habitude…
Vous montrez un Dakota avec la peau d’un Oscar japonais, est-ce crédible ?
Je suis tombé sur la photo d’un de ces avions de transport arborant un drapeau japonais sur sa carlingue, signe de victoire. J’ai foncé. Il faut toujours partir d’un point véridique. Ensuite, on peut romancer, ce n’est pas grave, tant qu’on reste crédible.
Ce Dakota est-il réellement passé sous les câbles d’un téléphérique ?
Non, Hugault a eu cette bonne idée (Casemate 72) alors que j’avais simplement imaginé que le Dakota réussissait à redresser de justesse devant une paroi tandis que le Japonais percutait. Une manière vue cent fois dans d’autres BD, je le reconnais. Merci Hugault. Une bonne idée, je la prends tout de suite. Pas fou, je n’ai pas d’état d’âme. D’autant qu’en aviation Romain en connaît un million de fois plus que moi. Il baigne, vit littéralement dedans. Je cultive davantage un petit côté historien, je lis énormément. Mais je n’ai pas son vécu, son ressenti, lui-même pilote, fils de pilote.
Il paraît que l’acteur Mifune Toshiro, des Sept Samouraïs apparaîtra dans le triptyque.
Oui, il était effectivement observateur photographe dans l’aviation impériale. Toshiro est né de parents japonais dans une ville chinoise plus ou moins allemande avant la guerre de 14, où était fabriquée la célèbre bière Tsingtao.
Vous montrez des Japonais dans le camp allié. Véridique ?
Bien sûr. Des Japonais nés aux États-Unis revêtaient des uniformes nippons et se glissaient dans les lignes ennemies, ramenant des renseignements que les Alliés utilisaient pour monter de fructueuses embuscades. Des missions hyper dangereuses, les Japonais les massacrant aussitôt capturés. Beaucoup sont revenus couverts de médailles.
Par rancuniers, vu la manière dont les civils d’origine japonaise étaient traités aux États-Unis…
Par crainte de la cinquième colonne – Pearl Harbor pullulait d’espions japonais avant l’attaque –, ils furent envoyés dans des camps d’internement. Beaucoup avaient honte de l’attitude de leur pays d’origine, estimant que l’attaque de Pearl Harbor, avant toute déclaration de guerre, était une infamie leur faisant honte. Alors que la même, après déclaration de guerre, les aurait peut-être emplis d’orgueil.
D’où vous vient cet amour de l’aviation ?
J’ai cette passion depuis toujours, et depuis toujours aussi des projets de scénarios originaux dans ce domaine. J’ai découvert assez vite que le seul moyen de les placer est de ne faire de l’aviation qu’un sujet secondaire. Dans la série Pin-up, ce sont les personnages qui comptent, les avions sont des bonus.
Puis est arrivé le fameux BoDoï qui publia en 2006 une histoire complète de Romain. J’en suis tombé par terre. Enfin un grand digne de Francis Bergèse ! Mais pour que nous travaillions ensemble, j’ai dû attendre qu’il réalise Au-delà des nuages, son diptyque avec Régis Hautière.
Pourquoi ce renouveau d’intérêt pour l’aviation ?
C’est cyclique. Jeune, je plaçais sans trop de problèmes des séries humoristiques gros nez, mais pas une seule réaliste. Aujourd’hui, c’est l’inverse, personne ne veut de mes projets d’humour.
Un jour, les gens en auront par dessus la tête du polar, des serial killers et des corps mutilés. Le genre passera à la trappe jusqu’à ce qu’un auteur y revienne avec un angle différent et le polar revivra. Hier, les éditeurs ne voulaient pas entendre parler d’histoires d’aviation qui les faisaient bâiller d’ennui. Aujourd’hui, ils en redemandent. Je ne mets pas leur discernement en cause, l’éditeur n’est que la caisse de résonance du public. C’est lui qui réclame. C’est lui qu’on veut contenter.
Comment peut-on en parler avec autant de passion et refuser de poser son arrière-train dans un baquet d’avion ?
Je n’aime pas non plus les voitures et les grandes roues des fêtes foraines. Et je me refuse à monter dans l’avion de Romain. J’ai la trouille. Prendre un avion de ligne me rend malade. J’ai eu le malheur, dans un moment d’aberration, d’accepter de monter dans un petit sous-marin à Marseille. Je hurlais de panique ! En revanche, quand j’écris mes histoires, je suis réellement dans mes avions et je m’y sens bien. Jamais malade.
Oui, je refuse de monter dans le Piper Cub de Romain. En avion, j’ai une sacrée trouille
Il paraît que vous allez renoncer à une séquence montrant un pilote perdu « ramassé » par un Dakota en vol.
Oui, depuis que quelqu’un m’a fait remarquer que c’était la séquence finale de Buck Danny, La Revanche des fils du ciel. J’avais oublié.
Buck Danny que vous avez, un temps, espéré reprendre…
J’ai été contacté par Dupuis qui savait que j’en rêvais. Pas de reprendre Buck Danny dans l’actualité d’aujourd’hui, mais d’utiliser son potentiel vintage incroyable. Remplir les trous dans sa biographie. J’avais encore en tête les propos de Jean-Michel Charlier regrettant de n’avoir pas pu en faire davantage sur la guerre de Corée, n’avoir pas pu aborder la guerre du Vietnam. L’accord avec Dupuis ne s’est pas fait.
Pas d’idée de scénario pour un Danny se déroulant de nos jours, vraiment ?
Si, quand même, j’ai eu un projet sur la guerre par drones interposés, projet lui aussi refusé. Je voyais Danny dirigeant les opérations drones depuis un bureau. Je suis tombé sur une sénatrice qui voulait faire interdire cette pratique de mort personnalisée et programmée à grande distance. J’imaginais donc que Lady X avait eu une fille – ne me demandez surtout pas qui était le père ! – du côté des bons, mais vouant une haine tenace à Danny. Elle sautait sur l’occasion pour l’envoyer sous les verrous, inculpation de meurtres aux fesses. Du moderne à cette sauce-là, oui, ça me passionnerait. Mais vraiment, les sempiternelles histoires de Danny aux commandes de son zinc ne me passionnent pas.
La fille de Lady X aurait poursuivi Buck Danny, responsable des attaques de drones
Que deviendra Angela à la fin du triptyque ?
J’espère bien qu’elle continuera. Nous sommes partis pour une série. J’ai commencé à réfléchir à une suite. Elle est pilote, ce ne sont pas les jobs qui lui manqueront. Je m’amuse parfois à faire de la recherche automatique. Sur le Net, je tape « women », le nom d’un pays, « mercenary » et une date. Ça ne donne rien un temps puis on tombe sur un truc hallucinant. Je note, je note…
Aventures forcément guerrières ?
Oui, Angela participera à d’autres conflits. Il n’y a que dans les guerres que tout est possible.
JPF
Angel Wings #1,
Romain Hugault, Yann,
Paquet,
13,50 €,
8 octobre.
Illustrations © Paquet