On le connaissait par le dessin de L’Angélus de Giroud et trois tomes de Millénium. Aujourd’hui, José Homs, la quarantaine, explose dans une histoire feuilletonnesque délirante se déroulant à la moitié du XIXe siècle, à Londres. Une histoire que le prolifique Zidrou lui a concoctée sur-mesure. Dossier complet dans Casemate 99 et interview express sur Casemate.fr

Quand Zidrou et vous avez-vous commencé à imaginer Shi ?
José Homs : En 2009-2010. J’avais déjà signé pour dessiner L’Angélus de Frank Giroud, mais certains détails restaient à peaufiner dans le contrat ou dans le scénario. En attendant, Dupuis m’a proposé de réaliser une des courtes histoires de Zidrou dans La vieille dame qui n’avait jamais joué au tennis. De là est née notre envie d’une longue histoire ensemble. Nous avons donc commencé à établir les bases de Shi. Je raconte dans Casemate 99 notre première réunion de travail pour en déterminer les bases. Un chouette souvenir.
Que vous a apporté votre expérience américaine sur Red Sonja ?
Ce fut un excellent apprentissage. Il fallait travailler à un rythme très soutenu : 22 pages par mois, crayonné et encrage. J’ai dû m’adapter à un style plus réaliste que ne l’était alors le mien. Un défi qui m’a beaucoup appris, mais m’a mis mal à l’aise. D’abord parce que Red Sonja, montrant une héroïne d’heroic fantasy, n’était pas le genre d’histoires que j’ai l’habitude de lire. Ensuite parce que ce rythme de production ne me permettait pas vraiment de penser, de prendre suffisamment de recul, et cela au risque de gâter le résultat. Ne pas pouvoir assurer la couleur me gênait également beaucoup.
Côté très positif, j’ai appris à raconter des scènes d’action en cherchant toujours à mettre en valeur leur aspect spectaculaire. En schématisant, je dirais que la narration américaine, très agile, cherche toujours à toucher le lecteur tandis que l’européenne est plus mesurée et descriptive. Dans Shi, les deux styles narratifs s’emboîtent parfaitement.

La narration US cherche à toucher le lecteur, l’européenne est plus mesurée et descriptive

Vos grands modèles, côté franco-belge ?
J’ai toujours été un gros lecteur de BD. La liste des auteurs franco-belges qui ont influencé ma jeunesse est interminable : Franquin, Uderzo, Bédu, Janry… Puis Loisel m’a ouvert les portes d’une narration plus adulte. Ses découpages, sa manière de bouger la caméra, tout cela me semblait très nouveau. Lire Loisel m’a amené à découvrir d’autres auteurs, Boucq, Hermann, Giroud…
Un dessinateur de BD peut-il vivre de son art en Espagne ?
Difficile, tant le marché espagnol est restreint. Trois ou quatre auteurs vivent vraiment uniquement de la BD. Personnellement, à Barcelone, où je réside, je réalise de temps en temps des illustrations, je collabore à des animations. Pour une anthologie BD, je mets en images de courtes histoires écrites par un ami scénariste. Il n’exige pas de moi autant que mes employeurs franco-belges. Ce qui me permet d’expérimenter différentes techniques. Et de m’évader un peu.
J’aime varier les plaisirs. Pour L’Angélus, où il est question d’histoire de l’art, j’ai utilisé la couleur directe qui donne une certaine chaleur au récit. Pour Millénium, dont j’ai dessiné trois tomes, j’ai travaillé à l’encre puis à la couleur informatique.

Ne regrettez-vous pas d’avoir abandonné cette série ?
Non, avec Sylvain Runberg, nous avons tenu les délais de parution de ces albums de 62 pages. Garder ce rythme sur six aurait été épuisant. Et puis comme je le dis dans Casemate 99, il n’est pas dit qu’un jour…
À quand un projet personnel, écriture et dessin ?
J’ai quelques projets dans mes tiroirs. Il me faut encore apprendre beaucoup de choses avant d’oser les ressortir.

Propos recueillis par Jean-Pierre FUÉRI
Supplément gratuit de Casemate 99 – janvier 2017.

Shi #1,
Au commencement était la colère,
José Homs, Zidrou,
Dargaud,
54 pages,
13,99 €,
20 janvier.